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A Scrap Moi 77
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10 janvier 2013

Apprivoiser le temps

Bonjour,

Aujour'hui pas de scrap juste un petit bijou trouvé sur le net : sur le blog de la fabuleuse Ginie FemmeSweetFemme. Dont je suis devenue une grande fan

Son post était dédié au temps !!

Je vous laisse apprécier, déguster, méditer et vous diriger vers son blog si vous en voulez plus !! : http://www.femmesweetfemme.fr/

 

Cher Temps,

Les grands artistes qui composaient feu le groupe Alliage disaient que tu courais, courais et ils avaient raison. Je songe à t’écrire depuis fort longtemps, mais j’avais beau te courir après, je ne t’ai jamais trouvé, tu as filé et c’est seulement maintenant que je peux te prendre. Je vais donc enfin pouvoir te dire ce que je garde pour moi depuis des années, depuis ce jour où la Renault 5 bordeaux de mes parents a pris le chemin retour des vacances pour rentrer à la maison, après une semaine de bonheur total. Ce jour où j’avais une boule douloureuse dans la gorge en songeant que c’était déjà fini. Ce jour où j’ai réalisé que tu passais bien trop vite.

 

Tu es trop rapide pour moi, cher Temps. Je le sais, j’essaie de me faire une raison et j’ai même trouvé quelques astuces qui me donnent l’illusion de te saisir un peu. Je prends des photos, tout le temps. Pas de paysages ou de monuments, non. Ce que je photographie, ce sont les souvenirs, les instants, les émotions, pour ne pas oublier, pour garder une trace, aussi figée soit-elle, qui ira rejoindre les milliers d’autres qui s’entassent sur un disque dur. Je tente de profiter de chaque instant, de mettre les priorités dans le bon ordre, de trouver des petits bonheurs dans les moments de la vie quotidienne. Je m’efforce de moins dormir, pour ne pas te perdre. Mais je confesse quelques lacunes sur ce point-là.

Tu passes trop vite, Temps.

 

Je le vois dans le miroir. Tu as laissé des traces de ton passage au coin de mes yeux plus tout à fait lisses, parmi mes cheveux plus tout à fait bruns, sur mon ventre plus tout à fait plat.

Je le vois sur mes parents. On rit en regardant les photos d’avant, quand ils avaient des coiffures improbables. Mais on se dit aussi que c’est loin, qu’ils ont changé. Qu’ils ont vieilli. Qu’ils ont atteint un âge qui nous semblait canonique il y a encore peu.

Je le vois sur mes grands-parents. Ceux qui sont encore là ne sont plus les mêmes. Ils sont devenus ces personnes âgées, ces vieux, ces têtes blanches que l’on croise dans la rue, sur lesquels on râle aux caisses des supermarchés. On leur parle fort, on leur demande s’ils s’en rappellent, on espère qu’ils seront là au prochain Noël.

Je le vois sur mon esprit. Il me joue des tours, la mémoire me fait parfois défaut. Il faut dire que certains souvenirs commencent à remonter à très loin, que les anecdotes s’accumulent, s’inversent, se confondent. Certains s’effacent, sans doute.

Je le vois sur mon corps. Il s’use plus vite, se réveille souvent fourbu, craque un peu, couine même parfois, s’essouffle. Il demande plus de soin(s), il me renvoie à l’âge qui m’étonne à chaque fois que je le donne à quelqu’un.

Tu es un peu comme Attila, Temps. Là où tu passes, tu laisses ton empreinte. Indélébile.
Jusqu’ici, j’acceptais la sentence, je me pliais aux règles, je subissais. Je regardais les heures, les jours, les mois, les années, défiler à toute allure en sachant que l’on n’y pouvait rien, que même en courant très vite je n’arriverais jamais à te rattraper, que s’il y a une chose contre laquelle on est impuissant, c’est bien toi. Mais depuis quelques mois, la donne a changé. Depuis quelques mois, un nouvel élément me rappelle chaque jour à quel point tu es rapide. Trop rapide.
Mon fils.

Il est né hier et il a bientôt huit mois. Il est né hier et mes bras ne sont déjà plus son endroit préféré sur Terre, le tapis de jeu, le carrelage, tous les endroits où il peut tourner et virer, chercher à s’assoir, parlementer avec ses jouets, être autonome, sont bien plus attractifs. Il est né hier et déjà son poids a été multiplié par trois. Il est né hier et quand on regarde les photos des premiers jours, on ne le reconnaît presque pas. Il est né hier et il est grand, déjà.
Je me lèverai un matin et il prendra son cartable pour affronter sa première rentrée.
Je me lèverai un matin et il aura passé la nuit à faire la fête avec ses copains.
Je me lèverai un matin et il aura quitté la maison pour vivre sa vie.
Je me lèverai un matin et on regardera les photos de nous quand on avait des coiffures improbables, quand il était tout petit, quand je tenais un blog. Et on se dira que c’est loin.

Alors aujourd’hui, je n’ai plus envie de te laisser filer sans tenter une petite négociation. Il doit bien y avoir quelque chose qui te ferait ralentir un peu la cadence, lever le pied, voire carrément faire une pause. Je suis prête à pas mal de choses, te filer mon stock de Nutella, chanter du Francis Lalanne, faire un sacrifice belle-mérien, tu n’as qu’à demander, je m’exécuterai.

Comme le dit si bien la philosophe, « Laisse-moi un peu de toi, j’apprendrai à te retenir ».

Je te laisse prendre le toi nécessaire pour la réflexion, Temps. Tu sais où me trouver.

Ginie, temps pis

 

Pour completer ce beau texte de GINIE je vous propose cette musique (vous comprendrez en écoutant hihh): Time

Bonne journée !!

 

Carine

 

 

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Commentaires
K
"prendre le temps", tout un problème pour notre société actuelle, néanmoins essentielle.
J
Criant de vérités... et bien là j'ai pris le temps de tout lire et de te mettre un commentaire :)
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